Loin d’être un phénomène isolé, l’alcoolorexie consiste à manger moins pour garder la ligne et mieux s’enivrer.
Un phénomène venu tout droit d’Outre-Atlantique
Des femmes mais aussi des hommes
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les hommes sont aussi concernés par ce trouble comportemental. Et l’alcoolorexie touche principalement les jeunes âgés de 15 à 30 ans, période où les préoccupations alimentaires liées au poids et à l’apparence sont à leur paroxysme, et où surtout les soirées arrosées se multiplient.
Boire ou manger il faut choisir ?
Le psychiatre addictologue Philip Gorwood constate que nous vivons dans une société de consommation où règne le culte de l’apparence et dans laquelle on encourage les jeunes à se priver de nourriture afin de boire plus d’alcool sans grossir.
En effet, bien que certains justifient leur comportement pour des raisons économiques, pour la majorité d’entre eux, c’est parce que l’alcool est plus calorique que le sucre, et c’est pourquoi ils font le choix, aux dépens de leur santé, de supprimer un ou plusieurs repas pour garder la ligne.
Par ailleurs, il semblerait que les victimes sont souvent des adeptes du « binge-drinking », qui consiste à boire beaucoup et vite pour sentir plus rapidement et intensément les effets de l’alcool.
Un tel comportement n’est pas sans risque et est voire même très dangereux pour la santé s’il est associé à des troubles alimentaires comme le fait de ne pas manger. Le Pr Philip Gorwood tire la sonnette d’alarme en rappelant que les effets de l’alcool à jeun sont trois fois plus toxiques.
Des effets neurotoxiques
Manger permet à l’organisme d’absorber l’alcool de manière plus étalée dans le temps. C’est d’ailleurs pour cela que les cacahuètes ont été inventées à l’apéritif rappelle le Pr Gorwood, car les pics d’alcool dans le sang sont le moment le plus dangereux, notamment pour le cerveau.
Or la construction cérébrale chez les adolescents est en pleine maturation et consommer de l’alcool de manière excessive peut entraîner des difficultés de connexions, voire de lésions. Un seul épisode de « binge-drinking », à jeun ou non, provoque des effets neurotoxiques.
Aujourd’hui, aucune étude sur l’alcoolorexie n’a été réalisée en France, on ne peut donc pas encore quantifier ce phénomène en France. Toutefois cette tendance comportementale inquiète car il n’y aucune raison que nous soyons épargnés. En effet les réseaux sociaux participent fortement à la propagation de ce type de comportement et il suffirait de quelques témoignages de personnes racontant leur jeun avant les soirées pour que cela se propage.
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